Harmonia Mundi
David Blot - Le Chant de la Machine | Nouvelle édition
David Blot - Le Chant de la Machine | Nouvelle édition
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Il y a quelque chose de l'ordre du soulagement, de l'idée que tout rentre dans l'ordre lorsque le magnifique recueil des Editions Allia est déposé sur notre bureau. « Le Chant de la Machine », ouvrage culte, si atypique et précurseur est enfin doté d'une réédition à la hauteur de ce qu'est vraiment ce livre. Si cet album de bande dessinée consacré à la musique électronique a acquis au fur et à mesure des années ce statut culte cela s'explique pour différentes raisons. Sa forme d'abord : le dessin de Mathias Cousin et les textes de David Blot trouvent une alchimie de narration qui est une invitation à l'imaginaire, né du fantasme et de la foi absolus des deux auteurs sur cette période qui retrace l'histoire de la musique électronique. Mais c'est aussi pour ce que cet album évoque au-delà de ce qu'il raconte. « Le Chant de la Machine » devient le témoin d'une double lecture, un travail encyclopédique enthousiaste sur la naissance de la musique électronique, où le lecteur s'instruit, mais aussi l'écho de cette génération de vingtenaires au milieu des 90's en France qui se prennent cette claque au point de vouloir la dessiner, la raconter, la promouvoir en soirée. Et cette histoire c'est celle de David Blot et Mathias Cousin. Ce qui fait la force de cette BD c'est qu'elle s'érige en livre saint, en un psaume de la house et de la techno qui y est conté comme une aventure, comme une profession de foi. Il s'agit de revenir aux racines de cette musique qui est peut être le seul échappatoire des deux auteurs, elle est en tout cas ce qui mobilise alors toute leur énergie et leur esprit. Conscients qu'ils vivent alors la musique la plus actuelle qui soit, la déclaration d'amour des deux auteurs à la house passe par l'érudition et par la volonté d'en ancrer la légitimité, en allant puiser dans ses racines les plus profondes, jusqu'au début des années 70 pour proclamer « nous sommes tous des loft babies ». Ne pouvant (à raison), parler de la house sans parler de la disco, la BD égrène les noms et les anecdotes, remonte 40 ans d'histoire de la musique réussissant le tour de force de faire tomber le lecteur amoureux de sonorités qu'il écoute avec les yeux. La House music au mitant des années 90 en France, David Blot et Mathias Cousin en sont des témoins et même des acteurs émerveillés, c'est par conséquent cette candeur qui donne encore plus de justesse et de force à la narration, aux anecdotes et aux mythes qui entourent le récit dessiné de cette musique. Si cette BD est devenue culte, par une mise en abyme du mythe, c'est aussi parce que David Blot fut l'un des premiers à programmer Daft Punk dans ses soirées Respect, qu'il était un des poumon de ce genre en France, qu'il a fini lui-même (tout comme ses camarades de l'époque, Dimitri From Paris, Motorbass, Pedro Winter) par devenir un sujet de films, de livres et de documentaires. De la même manière, la disparition terrible de Mathias Cousin avant la parution du second volume participe d'une mythologie fantasmée des kids d'aujourd'hui, qui rêvent les raves de l'époque qu'ils cherchent à vivre à et à vivre, en lisant les livres des kids d'alors qui eux glorifiaient la période du Paradise Garage et du Warehouse. Et c'est peut être en ce sens que ce livre raconte vraiment la house, de ce qu'elle suscite chez les gens qui l'aiment, et qui fait qu'elle existe, encore et encore et pour longtemps. C'est la raison pour laquelle les éditions Allia ne s'y trompent pas, rééditant un ouvrage majeur qui fait 224 pages (pour 20 €) et comprend l'intégrale du livret collector New Order de 2001, la préface des Daft Punk ainsi que des pages inédites d'un « Chant alternatif ». Le Chant de la machine sera la première bande dessinée qu’accueillent les éditions Allia en 35 ans d'existence. Une réédition qui n'est définitivement pas anodine donc.
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